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L’Escale

MON TEXTE POUR L’INSTALLATION L’ESCALE

collectif Escargo, Jardins de Métis 2017

Déracinement. Peur de manquer sa correspondance. Station dérive clandestine. Des pneumatiques et des containers rouillés remplis d’humains. Exils provoqués. Plantes en pot en plein soleil de plomb. Sans valise. À la recherche de terre promise arable pour plante médicinale. L’espoir de devenir un oreiller de plumes. De danser à nouveau dans le vent. De se parker au pays de Métis avec l’aide du courant ou d’Artémis. La frontière à terre, le bon port prospecté avec ton aide de convoyeur bienveillant. Glisser dans les rocailles et rouler dans la garnotte. Épuisés, par manque d’humanité. Vas-tu décider de me voir ou de m’ignorer? Prendre soin de moi, comme si nous étions tous un jardin d’ailleurs. Tous liés. Si tu me laisses me dessécher, c’est toi qui te dessèches. Si tu me laisses dans mon trou noir, tu n’es qu’un passeur meurtrier. Si tu oublies de me regarder, tu me rends invisible et je meurs encore une fois. Les morts à répétition sur twitter fatiguent-elles les spectateurs? La fatalité trackée sur le web. Le désespoir, c’est comme le reste, on peut se contenter de le comptabiliser. Il est encore temps de cultiver, avant de perdre nos sensibilités rhizomes. Après l’escale, l’enracinement.

Floraison, une promesse

Mille feuilles sur mon talon d’Achille blessé par l’exil
Fragments d’intimités entassés sur une nébuleuse
Frontières vulgaires, errance commune le long des murs carnassiers
La cloche du cargo signale la fin de l’humanité, twittée
Funestes nouvelles routes de la soie, caravansérails de carton
Emporte-moi dans ta corbeille d’argent plutôt que corbillard marin
À l’escale de tes récits confettis, de tes récifs corolles
À l’horizon des broderies Las Vegas, slot machines sonnent la loterie des réfugiés
Comme un lointain contour, l’ombre d’Artémis irradie le carrefour des égarés
Pourquoi l’humain n’est pas une espèce protégée?
Les fleuves se souviennent des fêlures et les colibris boivent nos engelures violettes
À qui appartiennent nos corps, marchandises isolées?
L’ovation de nos ovaires qui persistent avec soif
Tourner la tête vers le soleil, calmer nos feux de broussailles pensionnaires
Nos joies graminées résistent à la sécheresse
Nos espoirs contiennent des cendres
La folie de nos odyssées pyromanes
La fiancée africaine s’écosse en naufrages
Quelles fontaines vont encore germer?
La gypsophile familière de ton bouquet
Jaune paille


J’ai eu le plaisir de collaborer à l’installation L’Escale du collectif Escargo, qu’on peut visiter présentement aux Jardins de Métis où c’est la 18e édition du Festival international des jardins : playsages. De petits jardins mobiles, des cargos, des voiturettes d’enfants sur roulettes pour promener les végétaux, enracinés, mais en mouvement. Une nouvelle collaboration délicieuse, puisque certains textes inscrits sur ces boîtes à fleurs poétiques sont les miens. Merci à Pierre-Yves Diehl, Julie Parenteau et Karyna St-Pierre de permettre la mise en espace de mes mots, de me donner la chance d’explorer le texte au parcours aléatoire (la lecture non-linéaire, façon internet) avec ces vers qui s’enchaînent et se juxtaposent au gré du jeu, selon les déplacements effectués par les usagers de Métis, qui adoptent (ou pas) ces jardins portatifs. Comme je m’intéresse à la fois aux mots et aux espaces, je suis toujours heureuse de collaborer à la mise en espace de mots sur un territoire différent que celui du papier. Voir comment les mots s’installent, s’intègrent et participent à construire les espaces, à travers les relations qui s’établissent entre objets, humains, nature. Continuer la lecture de L’Escale